Smartphones reconditionnés, d’où viennent-ils ?

1/03/2023

Smartphones reconditionnés, d’où viennent-ils ?

Réseaux sociaux, e-mails, textos, visio, comptes bancaires, bourse, infos, radio, playlists, vidéos, photos, jeux… On est loin de l’époque où on utilisait nos téléphones pour… eh bien pour téléphoner tout simplement ! Quand on réfléchit un peu à tout ce qu’on peut faire avec son smartphone reconditionné ou neuf, on comprend que nos petits joujoux doivent être très aboutis d’un point de vue technologique et donc que leur prix soit si élevé.

Le reconditionné en chiffres

Plus le temps passe et plus nous sommes nombreux à être fidèles à notre bon vieux smartphone. 1,2 milliards d’unités vendues en 2022, c’est l’année où le moins d’unités se sont vendues dans le monde depuis 2013. Malgré cette morosité ambiante, le marché du reconditionné se porte plutôt bien avec une progression de plus de 11% en 2022 vs 2021 pour atteindre le chiffre record de 282,6 millions d’unités vendues dans le monde.
La France n’est pas en reste, le volume total atteignant 3,2 millions d’unités en 2022, soit 21% du marché total.

Téléphone reconditionné ou d’occasion ?

J’ai acheté un mobile reconditionné, mais qu’est-ce qui le distingue vraiment d’un smartphone d’occasion ? Pour pouvoir se targuer d’être reconditionné, il doit être passé dans les mains d’un professionnel qui s’est assuré de l’effacement des données de l’ancien utilisateur, du changement des pièces défectueuses, et de celles qui montrent des signes de faiblesse, notamment la batterie, de lui faire passer une multitude de tests techniques et de lui donner une note correspondant à son esthétique. Et dans le cas où il le revend à un particulier, il offre même une garantie qui n’a rien à envier à celle d’un produit neuf. Le smartphone reconditionné est donc loin du produit d’occasion qu’on achète à un particulier, qui ne dispose pas des outils nécessaires pour s’assurer de son bon état.

Un téléphone acheté à Marseille peut-il venir de Mulhouse ?

Les circuits des smartphones que nous revendons à des professionnels peuvent être simples, mais parfois aussi complexes. Quand je décide de vendre mon smartphone d’occasion à EasyCash par exemple, l’enseigne va le récupérer, le passer dans ses processus de reconditionnement puis le revendre sur son site internet ou dans ses magasins. Si je décide en revanche de le revendre à mon opérateur, celui-ci va le collecter, effectuer quelques opérations de tri avant de le proposer aux enchères à des sociétés de reconditionnement françaises ou étrangères. Ces sociétés auront alors pour mission d’assurer la parfaite remise en état technique du produit avant de le remettre sur le marché. Imaginons qu’un reconditionneur ait conclu un partenariat avec mon opérateur et qu’il remporte aux enchères le lot qui contient mon téléphone, alors il va le reconditionner et le proposer à la vente. Donc quand je revends mon téléphone, il peut ensuite être revendu à l’autre bout de la France. Mais les choses ne sont pas toujours aussi simples.

Les smartphones reconditionnés proviennent-ils tous de ces circuits ?

C’est là que ça se complique. On peut faire le choix de revendre son smartphone à un professionnel, mais on peut aussi le donner à ses enfants, au voisin, au beau-frère, ou même dans le pire des cas le mettre dans une borne de recyclage. Pour les sociétés de reconditionnement françaises, la source d’approvisionnement de smartphones de seconde main en provenance de particuliers est donc trop faible pour alimenter le marché. Elles n’ont pas d’autre choix que de trouver d’autres sources pour assurer leur survie.

Les grandes entreprises

Encore une fois, ce n’est pas si simple. Bien sûr une partie des entreprises françaises, quelles que soient leur taille, revendent leurs smartphones à des reconditionneurs. Mais, bien qu’il n’existe pas de données officielles, on estime que ce canal de reprise ajouté à celui des particuliers ne représente pas plus de 20 à 30% des millions de smartphones reconditionnés vendus chaque année en France.

On achète en Europe

Si le marché français ne suffit pas à s’auto-alimenter, alors il n’existe pas d’autre alternative qu’acheter les téléphones à l’étranger. Facile avec le marché européen ! Eh bien non car nos amis frontaliers ont le même problème que nous : pas assez de produits disponibles pour se suffire à eux-mêmes.

Une page d’histoire

L’arrivée début 2012 de l’opérateur Free a bouleversé les habitudes. Finie l’époque où on prenait un forfait qui incluait le mobile chez son opérateur. Free est arrivé en proposant le forfait seul, sans téléphone, débrouillez-vous ! Et à des prix tellement bas que, non seulement nous, consommateurs, nous sommes débrouillés pour nous procurer un « portable » comme on disait à l’époque, mais que les autres opérateurs se sont aussi mis à proposer des offres similaires. Exit le « pack opérateur », place au forfait seul et aux économies. Mais ailleurs dans le monde, ça ne se passe pas toujours comme ça.

Les hot-dogs, les westerns, et les smartphones d’occasion

Le marché américain fonctionne en effet de manière différente. Même si il est assez facile de prendre un abonnement seul auprès d’un opérateur ou d’un MVNO (mobile virtual network operator) aux États-Unis, les consommateurs américains continuent pour la plupart à choisir l’option du forfait + smartphone. En l’échange d’un engagement de 12 ou 24 mois à un forfait dont le prix est bien plus élevé que ce que nous connaissons en France, les opérateurs proposent à leurs clients un choix de smartphones neufs de dernière génération à des prix hyper-compétitifs, parfois même gratuits. Et quand un nouveau smartphone dernier cri est proposé sur le marché, ils proposent à leurs clients la reprise de leur ancien téléphone contre le tout nouveau, gratuitement ou presque, et un nouvel engagement d’abonnement sur la durée. De cette manière l’opérateur se retrouve avec des montagnes de mobiles qui ont déjà servi, même très peu de temps.

Et voilà !

Vous vous souvenez du circuit un peu plus haut ? Celui où l’opérateur français reprend un téléphone d’occasion à son client pour le proposer aux enchères à des pros. Ça se passe de la même manière aux États-Unis, mais à une autre échelle. Les opérateurs américains se retrouvant noyés sous les smartphones d’occasion, ils les proposent eux aussi en ventes aux enchères à des sociétés principalement américaines, qui les revendent ensuite partout dans le monde et alimentent ainsi une grosse partie du marché mondial des presque 283 millions de téléphones reconditionnés.

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